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02102010090On ne sait plus à quelle crise se vouer !

Crise de liquidité en 2007 puis crise financière et boursière sur fond de crise immobilière et de surendettements privés multipliés par le levier de la titrisation , des subprimes et des CDS en 2008. On finit même par en oublier la crise environnementale, la crise de l’Energie et la Crise alimentaire mondiale (un milliard d’humains souffrant de malnutrition).

2008 est alors l’année de la dénonciation publique de la Finance et de ses multiples dérives ; il est question de réformer et de mieux séparer les activités purement financières des activités dépôt-crédit-financement des entreprises. Les dysfonctionnements et les maux du système sont clairement discutés et analysés dans les médias. Les Marchés sont mis en accusation.

Passent 2009, 2010 et la crise financière disparait progressivement du champ médiatique au profit de la crise des dettes publiques sans qu’à aucun moment les mécanismes précis du passage de la crise des banques à celle de la dette des états n’aient été analysés et débattus par ces mêmes médias.

Le retournement complet intervient finalement en 2011 où le Marché se retrouve alors à nouveau Juge et Partie ; les agences de notation, qui pourtant n’avaient rien vu venir de la crise des subprimes, distribuent à nouveau les bons et mauvais points et désignent ainsi les états-cibles de la spéculation. Et les états plient sous le joug et accablent leurs peuples d’austérités renouvelées sans toutefois user de l’une de leurs prérogatives régaliennes qui est de pouvoir lever l’impôt.

Ainsi, la Grèce, héritière de la première démocratie au monde, se trouve-t-elle clouée au pilori des Marchés, réduite à vendre son patrimoine et à faire la manche à la sortie des Grand-messes européennes. On nous dit même que la zone euro est menacée, qu’il ne lui reste que quelques mois de sursis ; l’Italie, fille de l’Empire Romain, l’Espagne de Charles Quint et le Portugal des Conquistadors sont sur le point de s’écrouler !

Les Etats Unis, eux-mêmes, vacillent du haut de leur dollar. Alors qu’il y a quelques mois encore de doctes économistes nous affirmaient qu’un Etat (développé !) ne peut pas faire faillite car il s’agit d’une entité souveraine  que s’est-il donc passé pour que le monde entier tremble et croule sous le poids de la Dette. Qu’en est-il advenu de la souveraineté des états ?

Faut-il alors redéfinir cette notion ou la refonder ? Classiquement on parle de fonctions régaliennes : l’Etat est garant de la Justice, de l’Ordre (Police et Armée), de l’Education et de la Formation mais parmi ses plus anciennes prérogatives il ne faut pas oublier le droit de battre monnaie et celui de lever l’impôt ainsi que le devoir de délimiter le territoire relevant de ces compétences. Dans un Etat démocratique les prérogatives de l’Etat sont contrôlées et équilibrées par un jeu complexe d’équilibres droit-devoir contenu dans le Droit, les lois et la Constitution.

Les Etats Unis ont gardé un double pouvoir régalien de battre monnaie car le dollar est la monnaie internationale de référence et la Réserve fédérale peut aussi imprimer des dollars pour acheter des Bons du Trésor américain ; la Réserve fédérale reste cependant une Entité indépendante dirigée par des Directeurs issus du Marché mais qui peuvent être démis par le Sénat.

 L’Union Européenne a délibérément abandonné son droit de battre monnaie au bénéfice du Marché, la BCE est totalement indépendante et il lui est interdit de financer la dette d’un Etat qui ne peut s’en remettre qu’au Marché pour emprunter. C’est déjà là un double déséquilibre dans le combat monétaire Europe-USA et même un triple si l’on pense que New York et son complice Britannique trustent l’essentiel des flux de capitaux dans leurs places financières. Ainsi, la Grèce a-t-elle renoncé au droit régalien de battre monnaie droit qu’elle avait pourtant inventé il y a plus de 2700 ans ! Singulière ironie de l’Histoire.

Le Droit de lever l’Impôt est pratiquement tombé en désuétude, ostracisé par les Marchés et la Démagogie Populiste-la vraie, celle du Tea Party et autre Saucisson-Vin Rouge. On lui a préféré l’impôt indirect, inodore et sans saveur mais tellement universel et démocratique que même les plus pauvres devront contribuer. La machine infernale de la société de Consommation est alors en place, consommer toujours plus pour financer toujours plus tant que cela peut fonctionner-et même au-delà. Et il est vrai que jusqu’au milieu des années 70 cela n’a pas si mal fonctionné et on parle encore avec nostalgie des Trente Glorieuses.

Ces Trente là n’ont pas une fin si glorieuse et se finissent dans un brouhaha confus de pétro-et-d’euro(dejà)-dollars, d’étalon or en faillite et de choc pétrolier, le tout dans une belle inflation que les rentiers n’ont pas aimé du tout, mais alors pas du tout car, rappelez vous, il y avait en ce temps là une certaine indexation des salaires sur les prix.

Le contexte de fin des années 70 n’est pas alors favorable aux USA  dans leur confrontation avec l’Europe des neuf en construction et le Japon qui mord déjà rudement dans leur économie ; le risque est trop grand de voir une économie trop dirigée, trop socio-démocrate à la suédoise s’installer et prendre de l’ampleur sur le vieux continent.  D’autant plus que Français et Allemands, lors du sommet de Copenhague en 1979, semblent décidés à aller de l’avant et à créer une monnaie européenne destinée à concurrencer le dollar en tant que monnaie de référence internationale. On durcit alors la Guerre Froide pour repousser les velléités d’indépendance européenne dans le giron nucléaire américain  (épisode Pershing 2 contre SS20 en décembre 79) et on lance l’offensive libérale conjointe Thatcher (1979)-Reagan(1981).

On connait la suite avec l’ouverture croissante des marchés de capitaux et la progression exponentielle de la mondialisation libérale qui va faire fructifier les capitaux financiers dans les pays à faible coûts sociaux ; l’Europe rend les armes avec le Traité de Maastricht en 1992 et ne cesse alors de s’agrandir et de s’ouvrir en s’otanisant toujours plus.

Ainsi l’Europe abandonne-t-elle une autre prérogative, celle du territoire et du contrôle des frontières, qu’il soit politique, économique et commercial. Seule la PAC subsiste comme vestige anachronique de cette territorialité. Les Crises succèdent aux crises dans ces vingt dernières années mais toujours dans les zones vassales de production à bas coût. Krach boursier de 1987, crise immobilière au Japon en 1990, crise financière au Mexique en 1994, crise asiatique en 1997, crise de 1998 et écroulement russe, crises au Brésil en 2000 et 2002, crise turque en 2000, bulle internet en 2000-2003,  effondrement de l’argentine en 2001, démarrage de la bulle immobilière peu de temps après l’éclatement de la bulle internet vers 2004 et début d’explosion en 2007. On voit que l’intervalle moyen entre les différents épisodes qui ébranlent chaque fois durement le système est d’environ trois ans. A quand la prochaine, qui risque bien d’être fatale ce coup ci ?

L’effondrement de l’Argentine plombée par l’alignement peso-dollar en 2001 aurait pu servir de coup de semonce et préfigurer la crise Grecque.

Ainsi depuis le milieu des années 90, les économies des pays de l’OCDE accumulent-elle des déficits commerciaux en croissance exponentielle avec les pays émergents surtout depuis l’entrée en jeu de la Chine sur le marché mondial (c’est le cas depuis 1980 pour les USA /reste du monde) ; parallèlement ces économies voient la part des industries « courantes » diminuer dans leur PIB alors que le poids des services financiers et immobiliers explose particulièrement dans les « vieux » pays développés.

 La désindustrialisation, le chômage, les pressions sur les salaires et les coûts, la croissance des revenus de la finance et du commerce sont à l’origine d’un transfert de prés de dix points des revenus du travail vers ceux du capital. Les impôts ne pouvant que diminuer, seul le recours massif au  crédit pour doper la consommation et à la Dette pour les Etats permettent alors au système de perdurer dans l’illusion de croissance réelle.

L’économie réelle devient alors un simple  support au service des manipulations et des anticipations financières dont l’architecture se complexifie et se multiplie à l’excès à l’image de la pyramide renversée :

1 Economie réelle 2002 PIB mondial : 32 300 milliards de dollars (32,3 tera dollars).

 2 Ensemble des transactions des marchés financiers 2002 : 39,3 tera dollars.

 3 Transactions sur le marché des changes 384,4 tera dollars.

 4 Transactions internationales : 8,4 tera dollars

 5 Transactions sur les produits dérivés : 699 tera dollars en 2002

Les encours sur les produits dérivées représentent plus de huit fois le PIB mondial, les dettes souveraines 140% , les réserves 120% et les liquidités en circulation effective seulement 10% du PIB mondial.

L’absence de maitrise de la monnaie par les Etats induit donc une double impasse, des liquidités et de la Dette qui devient périlleuse lorsque la pyramide inversée à la Ponzi risque de s’écrouler. La finance effrayée par le poids de ses engagements occultes sur les Dérivés veut se rassurer sur ses bases que sont censés être les Bons des Trésors et ce faisant le serpent se mord la queue, car, en pressurant les Etats, la Finance va tuer sa ressource.

La guerre euro-dollar se poursuit à qui se fera le plus peur pour prélever à meilleur compte sur les 10% de liquidités mais n’oublions pas que fondamentalement le plus gros emprunteur n’est pas la Grèce mais les USA pour plus de 65% de la dette mondiale. Si les Etats ne reprennent pas leur souveraineté monétaire et fiscale, la pyramide inversée construite par la « shadow-finance » ne pourra que s’écrouler dans le fracas et le tumulte.

L'éclatement de la crise 2007-2008; genèse du Hold up:

la présentation powerpoint qui suit et ses commentaires peuvent apporter un certain éclairage;

Crises des subprimes: Hold Up du siècle

Tag(s) : #economie politique
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